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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 22:06

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Conférence de François Delarozière (compagnie de théâtre de rue La Machine) à l'Institut Français le 20 avril

 

Initiées par José Manuel Castanheira et le Département Scénographie de la Faculté d’architecture, les Rencontres internationales de scénographie SCENA LISBOA 2012 se déroulent actuellement, jusqu'au 5 mai 2012, à Lisbonne au Portugal. Avec un programme varié de conférences, de débats, de workshops, d'expositions, ces rencontres constituent une initiative exemplaire dans un pays où les politiques économiques touchent de plein fouet le secteur culturel avec l'argument de réduire les dépenses publiques. Une des initiatives originales de ces Rencontres est l’ouverture d’un Café-Scéno dénommé CaféSCENA@Chiado, lieu  étonnant, près du Teatro Trindade, rua da Misericordia (cela ne s’invente pas...). Il se situe en effet dans un café de style 1900, au sein d’un centre commercial aménagé dans les murs d’un théâtre qui a été totalement détruit et restructuré : marbres rutilants, clinquant des galeries commerciales, boite de nuit panoramique. Comme la plupart des commerces, le café est désormais fermé, signe d’un échec total de ce centre commercial, seul le night-club persiste… Le café a réouvert pour la durée des Rencontres, et en devenir le lieu de rendez-vous quotidien.

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De gauche à droite au CaféSCENA@Chiado, Rui Francisco, João Brites, António Casimiro, Filipa Malva, José Manuel Castanheira, João Mendes Ribeiro, Ana Paula Rocha et Marta Carreiras.

 

Quelques rappels sont nécessaires : le président du Parti social-démocrate (centre-droit) Pedro Passos Coelho, qui a largement remporté les élections législatives en juin 2011, met en œuvre comme Premier ministre une politique drastique d’austérité et de rigueur faisant beaucoup plus que ce qu’il avait initialement annoncé, en accentuant  les coupes dans les aides sociales, le gel des salaires et pensions, la suppression d'exemptions fiscales, les privatisations, la réduction substantielle des budgets de la santé, de l'éducation, de la culture, la réforme du marché du travail, de la justice, de l'éducation. Pedro Passos Coelho a assuré pour apaiser les marchés que son pays ne serait pas «un fardeau» pour ses créanciers.  Il se donne pour objectif de faire passer le déficit de 9,1 % du PIB, en 2010, à 3 % en 2013!  Le Portugal est le premier pays de l'UE à avoir ratifié par voie parlementaire en avril 2012 le pacte budgétaire européen qui fait de la discipline et de la rigueur les principaux instruments pour lutter contre la crise de la dette. Sacrifices et forte récession, sont la conséquence de cette politique zélée dont il restera à évaluer l’efficacité réelle. Cette politique a pour effet un amoindrissement de l’action en faveur de la culture : ce secteur ne bénéficie que d’un secrétariat d’Etat, fonction tenue par le journaliste et écrivain Francisco José Viegas, et fait l’objet de sévères coupes.

 

Le contexte politique, économique et social a été omniprésent, non sans humour, lors de la table ronde Conversation entre scénographes qui a réuni le 20 avril au CaféSCENA@Chiado, Rui Francisco, João Brites, António Casimiro, Filipa Malva, José Manuel Castanheira, João Mendes Ribeiro, Ana Paula Rocha et Marta Carreiras, sans pour autant paralyser la pensée et la discussion autour de la scénographie, discussion vive et alerte. Plusieurs thèmes se sont dégagés. Tout d’abord, la situation économique du Portugal qui conduit à une extrême mise en difficulté du monde théâtral portugais, ce qui se traduit particulièrement par une baisse considérable des moyens consacrés à la scénographie des spectacles. Une alternative pour résister à cette situation est le recyclage des matériaux, des matériels, des décors et des costumes.

 

L’époque actuelle ne peut qu’être mise en perspective avec un cours plus lointain de l’histoire du Portugal après la Révolution des capitaines d’avril en 1974, célébrée le 25 avril 2012. La richesse et la vitalité du théâtre portugais fertilisé par cet événement (O Bando, autour de João Brites, A Cornucópia autour de Luis Miguel Cintra, Teatro Experimental de Cascais,  A Comuna autour de João Mota - devenu le directeur du Teatro Nacional Dona Maria II -, O Novo Grupo autour de João Lourenço, A Malaposta autour de José Peixoto, Cendrev autour de Mário Barradas et Luís Varela, A Companhia de Teatro de Almada autour de Joaquim Benite, ou des personnalités atypiques comme Rogério de Carvalho, etc.) a fait de l’histoire au sein de la grande Histoire,  le cœur de toutes les actions, oscillant entre fiction et réalité. 2012 marque un coup d’arrêt de ces théâtres du monde, et la place du théâtre devient alors une question de résistance.

 

Au-delà des différences esthétiques, les débats ont fait ressortir la communauté d’une même langue scénographique, témoignage de l’importance vitale de l’espace dans l’expression dramatique. Vitale, car elle comporte l’enjeu du rapport au public, à la société, à la ville, quel que soit ce rapport, frontal ou immersif. De même, la scénographie semble plus encline à instaurer une atmosphère, une ambiance, qu’à vouloir imposer un message fermé. Tout cela opère dans une dynamique collective : travail en équipe, accompagnement, mise en mouvement. Une dernière remarque : la féminisation de ce métier qui entend se rassembler au Portugal avec la fondation de l’Associação Portuguesa des Cenografia, parrainée par l’Union des Scénographes.

 

SCENALISBOA est réalisé en partenariat avec l'Institut Français du Portugal, Grão Pará Hotel Group et le Soutien de l'Institut Cervantes, du Teatro Nacional de S. Carlos, du Teatro o Bando, du Teatro Municipal de Almada entre autres.

 

La hasard d ela programmation fait que du 26 avril au 28 avril, l'Institut Français du Portugal, soutien énergique des Rencontres, présente par ailleurs dans son bel auditorium, « Faz escuro nos olhos » par le groupe Teatro Griot dans une mise en scène de Rogério de Carvalho: « Nous habitons un univers de voix. Nous sommes bombardés par des voix incessantes. Nous devons ouvrir des passages, chaque jour, à travers une forêt de voix. Ce sont les voix des autres, les voix de la musique, et notre propre voix qui s’y mêle. Toutes ces voix crient, susurrent, pleurent, caressent, menacent, implorent, séduisent, ordonnent, supplient, prient, confessent, terrorisent, déclarent… » Cette forêt de voix est un beau symbole de l’initiative portugaise qui cherche à se faire entendre

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17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 08:51

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17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 08:49

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17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 08:46

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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 17:41

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Les Editions Scérén publient un nouveau numéro de la collection Théâtre aujourd'hui consacré à la scénographie. L'image de la couverture est emblématique dans son enchâssement scénographique : elle présente la scénographie conçue par Richard Peduzzi pour Hamlet mis en scène par Patrice Chéreau en 1988 pour le Festival d'Avignon, implantée dans la scénographie conçue pour la Cour d'honneur par Guy-Claude François en 1982.

Ce nouveau (et dernier ?) numéro  propose une histoire du terme lui-même puis de grands repères sur les lieux, les architectures et les typologies qui organisent la représentation en Occident au cours des siècles, abordant notamment la question des lieux détournés. Il montre la part centrale que la scénographie a prise dans l’évolution du théâtre et dans les grandes révolutions de la mise en scène au XXe siècle, sans cependant interrompre la relation ancestrale de la scène avec les peintres et la peinture. Il interroge la relation réciproque entre un texte, une action et un espace, un lieu : lequel dicte à l’autre ? À travers quelques exemples de collaborations emblématiques entre metteurs en scène et scénographes, il donne des clés pour comprendre et analyser les constituants de la scène et la part de la scénographie dans la genèse d’un spectacle. Il permet aussi de découvrir une profession, de mieux connaître le travail du scénographe et d’interroger les évolutions en cours, à partir d’une nouvelle génération d’artistes et aussi à partir de l’évolution du théâtre lui-même, théâtre sans lequel il n’y a pas de scénographie, même si bien sûr la scénographie s’exerce au-delà du théâtre.

Le développement de l’École du spectateur et la mise au programme de l’étude des relations entre le texte théâtral et ses représentations scéniques supposent d’initier les élèves à une description précise des éléments concrets du plateau et à une remémoration collective de leurs effets de sens et de sensibilité. Cela vaut plus pour un plus large public : la scénographie s’avère une porte d’entrée suggestive.  Autant d’approches passionnantes du théâtre qui sont propices à entrer dans une histoire des arts, à la fois vivante, concrète et active. À faire de la mémoire vécue et mise en perspective une expérience partagée indélébile. La scénographie retrouve là une signification ancienne : un art du point de vue.

Préface de Jean-Claude Lallias

Articles de Georges Banu, Jean Chollet, Michel Corvin, Evelyne Ertel, Marcel Freydefont et Yannic Mancel

Entretiens réalisés par Georges Banu, Jean Chollet, Dominique Darzacq, Corinne Denailles , Evelyne Ertel,  Sylvie Fontaine, Marcel Freydefont,  Rafaëlle Jolivet-Pignon,

avec

David Bobbée,  Sylvain Creuzevault, Stéphane Braunschweig, Guy-Claude François, Yannis Kokkos, Philippe Marioge, Jan Pappelbaum, Richard Peduzzi, Eric Soyer, Malgorzara Szczesniak, Cyril Teste, Aurélie Thomas, et Laurence Villerot

Sommaire

La scénographie, mémoire de l’écoute et du regard

  1. La scénographie et l’histoire du théâtre
  2. La scénographie et la question du cadre
  3. Servir une vision du théâtre
  4. Texte, représentation et scénographie
  5. Nouvelles aventures scénographiques
  6. Profession : scénographe
  7. Bibliographie sélective

Scérén Editions, CNDP, Chasseneuil-du-Poitou, 2012

Prix de vente 25 euros

 

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26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 17:31

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La pratique du projet lumière est indispensable pour une bonne conception. C’est l’originalité de la nouvelle formation continue du Pôle Atlantique à Nantes en octobre 2012 sur quatre jours, destinée aux architectes, scénographes, urbanistes, designers, paysagistes et ingénieurs.

Module A : Sensibilisation à la lumière et à l’éclairage (1 jour)

Pour être réceptif à la chaîne de la lumière, la partie théorique est abordée en matinée à travers :

 

limpact de l’éclairage sur les matériaux et l’individu,

l’histoire de la lumière à travers les âges, 

le mécanisme de la vision aujourd’hui.


Elle se double d’une partie pratique l’après-midi sous forme d’atelier dans une boite noire où sont présentée : 

 

les sources lumineuses, 

la colorimétrie, 

la photométrie en éclairage.


La journée se termine par l’analyse d’un projet lumière remarquable du formateur ACE : Association des Concepteurs Lumière et Eclairagistes.

Module B1 ou B2 : Projet de mise en lumière durable (3 jours en 2 sessions)

Concevoir un projet de mise en lumière durable n’est pas chose facile. Cependant, la méthodologie du projet d’éclairage est similaire en Urbanisme comme en Architecture.

En conséquence, ces deux modules sont conçus en douze étapes, sur une même trame conceptuelle :

  1. Analyse du site et des contraintes environnementales
  2. Besoins et objectifs de la lumière
  3. Choix conceptuels et esquisses lumière
  4. Eco-conception et développement durable
  5. Découverte de mises en lumière à Nantes la nuit
  6. Aspects juridiques, financiers, chiffrage et assurances
  7. Matériels et typologie d’éclairagetest_3-c3e5f.jpeg
  8. Enjeux du coût global du projet
  9. Avant-projet de mise en lumière
  10. Outils de communication en éclairage
  11. Références et pratiques de concepteurs lumière
  12. Présentation individuelle des projets devant un jury

Dates

Selon votre champ d’activité, deux sessions s’offre à vous :

  • A : Sensibilisation à la lumière et à l’éclairage

3 ou 8 octobre 2012 (1 jour)

 

suivi de


Projet de mise en lumière durable

  • B1 : Espace public et paysage - pour appréhender l’éclairage urbain comme une mise en usage de la ville et des lieux qu’elle porte.

4, 5, 25 et 26 octobre 2012 (2 sessions de 1,5 jours)

  • B2 : Architectures, contemporaine et patrimoniale - pour construire l’image lumière d’une architecture, sur plan ou construite, en harmonie ou en opposition avec son aspect diurne.

9, 10, 29 et 30 octobre 2012 (2 sessions de 1,5 jours)

 

Lieu

Ecole nationale supérieure d’architecture de Nantes, 6 Quai François Mitterrand, Nantes, France

Public

Toutes personnes intervenant ou devant intervenir dans la prescription de l’éclairage : architectes, paysagistes, scénographes, concepteurs lumière, éclairagistes, ingénieurs, décisionnaires et gestionnaires. De 12 stagiaires minimum à 16 stagiaires maximum

Production

Pôle Atlantique de formation continue (URCAUE & Ensa Nantes) en partenariat avec l’Association des Concepteurs lumière et Eclairagistes (ACE) et l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nantes (ensa Nantes) Département Scénographie, Laboratoire Groupe d’Etude et de Recherche Scénologique en Architecture (GERSA)

Informations

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2 mars 2012 5 02 /03 /mars /2012 08:37

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Nous annonçons avec beaucoup de tristesse la disparition d'une scénographe et plasticienne de talent, doublée d'une personnalité au coeur immense, Pascale Hanrot.

Diplomée en 1982 de la section scénographie des Arts Décoratifs, elle était à la fois scénographe, plasticienne, coloriste et peintre.

Elle a signé des scénographies pour les metteurs en scène et chorégraphes Richard Dubelski, Georges Appaix, Thierry Collet, François Rancillac, Thierry Roisin, Mireille Larroche et Frédérique Wolf-Michaux.

Elle a co-signé avec Jean Pierre Larroche plusieurs spectacles : Achille immobile à grands pas (1994),  Journal de bois (1994-2000), En équilibre indifférent (2000-2003) et collaboré avec lui pour plusieurs autres dont Noé, Prolixe, A distances, Le Concile d'amour.


Elle a conçu et réalisé avec Marie Begel, au sein de leur association Gatimalau, plusieurs scénographies, mises en couleur ou peintures pour des lieux publics :
Peintures originales et fresques dans le bureau de poste de la rue Étienne Dolet, au Siège social des Caisses d'Epargne à Paris, dans la chapelle de Piedi-Corte-di-Gaggio en Corse.
Scénographies et mises en couleur : Bibliothèques Universitaires de Paris Dauphine et Henri Mondor, Ministère de la Santé, Médiathèque de Melun, Résidences d'étudiants, Maison de quartier de Gif sur Yvette, exposition Dürer au Petit Palais, Musée de Barbizon.

Elle transmettait sa passion pour la couleur en donnant des cours de couleur en section scénographie à l'ESAT.
Dernièrement Pascale avait conçu l'ambiance colorée d'une école dans le Briançonnais et préparait un travail de couleur et de scénographie dans une maison pour personnes âgées à Castellane.


Ses couleurs, son enthousiasme, sa vitalité vont nous manquer.

Liens :
www.gatimalau.com
www.ateliers-du-spectacle.org
www.astrolabe-melun.fr



 

 

   



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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 22:40

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Roberto Moscoso, Esquisse pour Capitaine Fracasse, 1965

 

Robert Moscoso vient de partir, sans bruit, en cette fin 2011, une année s'achève, une page se tourne. Né en Italie en 1943, il vit à Rome jusqu'en 1959. Il vient ensuite à Paris achever sa formation théâtrale à l'Ecole de la rue Blanche, Centre d'apprentissage d'art dramatique et des techniques théâtrales, puis à la Communauté Théâtrale de Raymond Rouleau. Il contribue en 1964 avec Ariane Mnouchkine, Philippe Léotard, Martine Frank, Myrrha Donzenac, Françoise Tournafond, Gérard Hardy et Jean Pierre Tailhade, à la fondation du Théâtre du Soleil, dont il fut le premier scénographe, créant les décors et les costumes des Petits Bourgeois de Maxime Gorki en novembre 1964, un intérieur feutré, à la  MJC de la Porte de Montreuil (Paris), puis les décors (avec Françoise Tournafond pour les costumes qui vient elle aussi de disparaître, un malheur n'arrivant jamais seul selon le dicton populaire) pour Le Capitaine Fracasse de Philippe Léotard d'après Théophile Gautier, créé le 21 janvier 1966 au Théâtre Récamier (Paris). Il enchainera avec la troupe les créations mémorables que sont en 1967 La Cuisine d’Arnold Wesker, en 1968 Le Songe d'une nuit d'été d'après William Shakespeare, en 1969 Les Clowns, création collective, puis investissant la Cartoucherie de Vincennes en 1970, 1789 et en  1972, 1793. Effervescence joyeuse d'un théâtre populaire!


Après son départ du Soleil, il travailla étroitement avec Jean-Claude Penchenat qui a créé en 1975 le Théâtre du Campagnol, de 1978 (L’Epreuve de Marivaux)  à 2007 (Carola de Jean Renoir), mais aussi avec tant d’autres metteurs en scène, toujours ouvert à toutes les aventures : Dominique Houdart (en 1967 pour Le Ravissement de Scapin et L’Ours et la lune de Paul Claudel), Marcelle Tassencourt, Stéphane Meldegg, Catherine Dasté, Mehmet Ulusoy (L'Enterrement du patron de Dario Fo en 1979), Benno Besson, Valérie Grail, Catherine Bergé, Charles Joris, Françoise Pillet, Jean-Pierre Tailhade, Christophe Rauck, Kester Lovelace ou Maurice Galland qui fut le directeur technique du Campagnol.


Il a réalisé récemment l’étude scénographique d’un Salon de musique, kiosque démontable conçu pour le producteur de musique traditionnelle Mathieu Hagène. Sa dernière création Notre Terre qui êtes aux cieux en 2009 au Centre d'Astronomie de Saint-Michel l'Observatoire, spectacle conçu par Jean-Louis Heudier, astronome, directeur de l'Observatoire de Nice et  Maurice Galland, metteur en scène et directeur du Théâtre Libre à Saint-Etienne (fondé en 1998) est encore en tournée pendant la saison 2011-2012.


Marie-Louise Bablet et Denis Bablet ont décrit en 1979 dans leur ouvrage Le Théâtre du Soleil ou la quête du bonheur (Editions du CNRS), l’heureux décor qu’il a conçu pour Les Clowns et qui fut salué pour sa justesse de goût : « Une boîte de lumière, tel est le décor ingénieux inventé par Roberto Moscoso pour faire évoluer Les Clowns au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers : décor-boîte, boutique de foire ponctuée d’un millier d’ampoules clignotantes : "kitsch" des arts populaires mexicains, des paillettes, du papier de chocolat coloré, des panneaux peints à l’ancienne, des rideaux de perles, des miroirs au tin légèrement terni, raffinement dans le choix des tons et des matières : un clinquant "distingué", un art décoratif fait pour attirer, pour plaire. Ambiance de fête foraine dans un kaléidoscope où se reflètent, en flou, les images des acteurs. En permanence, côté cour, un petit orchestre de comédiens-musiciens : les clowns viennent à tour de rôle faire leur numéro, s’appuyant sur le minimum d’accessoires. Des clowns arrachés à la tristesse du cirque. Spectacle ambigu et polyvalent où se mêlent tradition et modernisme, théâtre et cirque, théâtre à l’italienne et théâtre japonais. Car si la "boîte" instaure un rapport traditionnel entre public et spectateurs, un rapport frontal, la passerelle qui traverse la salle, inspirée du "hanamitchi" japonais et suggérée par Ariane Mnouchkine, tente de casser cette césure ». Ce décor lui ressemblait par son ambivalence....Si Roberto Moscoso aimait la belle image, il ne la concevait que si elle accomplissait les impératifs fonctionnels de la scène, et son amour des matières chatoyantes relevait de sa quête de la perfection et de son souci du détail.

 

Il y avait aussi son sens collectif de l'espace et du jeu. L’histoire de la scénographie pour 1789 est connue : à l’origine, le dispositif scénique de tréteaux avait été pensé selon les dimensions d’un terrain de basket. La troupe n’avait pas de lieu fixe de représentation. Le choix de ces dimensions était fait pour faciliter la tournée : toutes les villes ont un terrain de basket.  Cet espace aux dimensions homologuées, donc stables, permettait de disposer le public de deux façons : dans les gradins, avec une vue d’ensemble, et au milieu des tréteaux, sur l’aire de jeu. Cela permettait de retrouver une certaine équivalence avec les rapports du théâtre de foire sur les places de  marché des villes médiévales. Les bateleurs s’installaient sur la place, le public populaire se massait autour du tréteau, tandis que les fenêtres des maisons bourgeoises donnaient un autre point de vue. Après de premières répétitions au Palais des Sports de la porte de Versailles, finalement, les répétitions se poursuivirent fin août 1970 à la Cartoucherie, et le lieu fut investi selon les principes fonctionnels retenus pour ce spectacle. Roberto Moscoso avait comme à son habitude proposé de nombreux croquis d’ambiance, précis et évocateurs, de cette implantation collective. Après la création à Milan en novembre 1970, le spectacle fut repris à Paris, non pas sur un terrain de basket, mais à la Cartoucherie inaugurant ce qui va devenir un lieu de légende. On retrouve nombre de ces croquis sur le site du Théâtre du Soleil.


Particulièrement attaché à l’univers de Jean Renoir, cinéaste mais aussi écrivain passionné de théâtre, Jean-Claude Penchenat a monté en 2007 la pièce de Renoir, écrite en 1957 Carola (qui a inspiré François Truffaut pour son film Le dernier métro). Carola est une actrice célèbre, aimée de trois hommes : un jeune résistant traqué par la gestapo, un général allemand et le directeur du théâtre, collaborateur. La scène se situe dans sa loge, lieu clos avec une seule porte. Roberto Moscoso et Françoise Tournafond en signent l’un le décor et l’autre les costumes, dernière œuvre commune…. La pièce est présentée au Théâtre des Quartiers d'Ivry, au Théâtre de l'Épée de Bois à la Cartoucherie, au Théâtre de l'Ouest Parisien et au Théâtre National de Nice. Destinées fécondes où les fils se croisent sans cesse.


Dessinateur hors pair, « à l’italienne », Roberto Moscoso avait le brio, l’élégance et le brillant du geste, toujours dans une équation parfaite avec le projet dramatique, précieux et précis. Affable et généreux, il a suivi son chemin sans détours, avec distinction. Qu’il ne soit pas oublié…

 

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 10:55

Françoise Tournafond vient de disparaître. Immense tristesse....Nous reproduisons sur le Blog le bel hommage que lui rend Armelle Héliot sur le Blog du Figaro


Par Armelle Héliot le 28 décembre 2011 12h40

http://blog.lefigaro.fr/theatre/2011/12/francoise-tournafond.html


Co-fondatrice du Théâtre du Soleil avec Ariane Mnouchkine, Philippe Léotard, Roberto Moscoso, Jean-Claude Penchenat, elle a été près de cinquante années durant l'une des plus inventives des créatrices de costumes, au théâtre, à l'opéra, au music-hall. Elle s'est éteinte il y a deux jours. Ses obsèques ont lieu vendredi 30 décembre, 14h45, au Père-Lachaise.

Ariane Mnouchkine, Jean-Claude Penchenat, Alfredo Arias sont trois des artistes pour lesquels ce poète des tissus et des matières imaginait les univers chatoyants et fascinants. Les comédiens adoraient se mouvoir dans ses vêtements. Elle avait également travaillé pour Jorge Lavelli, Jean Gillibert, Jean-Louis Thamin, Eric Vigner, Dominique Poulange, Stéphanie Tesson, entre autres et préparait Cosi fan tutte de Mozart pour Marcial di Fonzo Bo. Elle avait eu le temps, malgré la maladie, de travailler et l'on verra ces costumes en mars, à Dijon.


Si ce sont les folies des Oiseaux, d'après Aristophane, une mise en scène de son ami fidèle Alfredo Arias, qui reviennent immédiatement en mémoire, Françoise Tournafond dessinait aussi pour des ouvrages graves, voire sombres et elle ne se réduisait jamais à la fantaisie colorée, explosive qui lui réussissait pourtant si bien et dont l'un des sommets fut la revue d'Alfredo Arias qui, à la demande d'Hélène Martini, inaugurait un nouvel âge des Folies Bergère.


Très vite, si Françoise, costumière et maquettiste de formation, allait laisser le travail de scénographie à Roberto Moscoso (qui signait aussi ses costumes) ou à Guy-Claude François, on peut dire qu'elle n'a pas seulement été une artiste pleine d'imagination, mais elle a formé des ateliers. Ainsi au Soleil.


Et elle aimait ces atmosphères d'ateliers et en louait toujours le travail. Opéra, Comédie-Française, Folies Bergère, Chaillot, partout où elle passait elle demandait -et obtenait- des miracles !

 

Parmi les plus éblouissants des déploiements spectaculaires, ceux qu'elle avait imaginés pour Concha Bonita en 2002 pour Alfredo Arias et à Chaillot.

 

Douze costumes époustouflants dont celui que portait Catherine Ringer dans une scène où elle (Concha) affronte sa propre fille : une crinoline démesurée, recouverte de cristal et de tulle, de fleurs brodées, de perles et de paillettes.


Françoise Tournafond louait les ateliers de Chaillot.  L'équipe de six personnes, doublée pour l'occasion avait passé trois mois sur ces douze costumes mettant en œuvre l'art extraordinaire des costumiers des ateliers.

 

Elle dessinait très bien, connaissait les secrets des morphologies, avait une connaissance encyclopédique des tissus, des matières.

 

Dans son appartement-atelier, en dessous de la République, elle s'enrichissait de lectures vastes. Ce n'était pas quelqu'un qui habille, c'était une artiste qui comprenait au plus profond les œuvres, musicales, dramatiques aussi bien que les chansons légères ou mélodramatiques, qui comprenait les artistes, les projets des metteurs en scène et la relation de l'interprète à son personnage. Elle avait une intuition profonde des êtres.


Le Bal, le spectacle de Jean-Claude Penchenat, ce fut elle, aussi, recréant toute une atmosphère qui enchanta Ettore Scola jusqu'à en faire un film...

 

Mais on ne peut faire ici la liste de tous ses travaux (elle est bien référencée sur Internet). De Gengis Khan de Henry Bauchau, première mise en scène d'Ariane Mnouchkine. Aux Arènes de Lutèce avec le merveilleux document tourné par le réalisateur de télévision Georges Paumier pour L'Avenir est à vous. C'était en 1961, avant la fondation du Soleil. Aux Oiseaux d'Aristophane par Alfredo Arias, il y a 1789 (en 70), 1793, L'âge d'or (en 75), avec Ariane Mnouchkine, David Copperfield en 77 avec Jean-Claude Penchenat ou L'Opéra de Smyrne de Goldoni, avec lui, toujours et puis Roméo et Juliette avec Jean-Louis Thamin, Les Indes Galantes (90) formidablement belles avec Arias, et tous les Arias depuis, quasiment, les graves et les cocasses, les sobres et les délirants.

 

Il y a aussi Bajazet de Racine pour Eric Vigner, Arloc et Molly S. pour Lavelli, il y a Zouc par Zouc d'après Hervé Guibert dans une mise en scène de Gilles Cohen (2006) dans la suite du joli Fantasio de Musset par Stéphanie Tesson.

 

Les listes ne disent rien. Si : le travail toujours recommencé, l'imagination inépuisable, la confiance des artistes. Une angoisse certaine de vivre qui s'apaisait un peu dans le travail.

 

Elle était grave, et souvent triste. C'était une enfant de Saturne. Quelque chose d'une écolière sage, modeste et très intelligente dans son regard sérieux et inquiet. C'est tout Françoise.

 

Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise, le vendredi 30 décembre à 14 h 45

 

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